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Entretien d'embauche...

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

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Hmm… Quand il s’agit de parler de moi, je ne sais jamais vraiment quoi dire. J’ai 46 ans, je viens d’une petite ville du Finistère, sur la côte nord de la Bretagne. Dans ma vie professionnelle, j’ai fait tout un tas de boulots. J’écris depuis environ 6 ans. Je crois que c’était un désir enfoui, très profondément. Quand c’est remonté à la surface, je m’y suis mis de manière compulsive au début. Maintenant, j’écris quand ça vient, je ne me force pas, je ne m’impose aucun rythme.
 

Qu’est-ce qui t’a amené à l’édition numérique ? Quel est ton avis sur le sujet ?


J’ai commencé par envoyer un manuscrit un jour à quelques maisons d’édition. Je m’en souviens bien ! J’en avais imprimé 6 ou 7 et j’étais monté à Paris avec l’idée de les déposer en mains propres. J’en ai vraiment chié parce que c’était très lourd à porter. Maintenant j’en rigole, mais sur le moment je faisais moins le malin ! Bien sûr, ce fut un four ! Ce que je leur avais filé était vraiment mauvais. Ce n’était pas relu, pas corrigé, ils ont dû croire à une blague.
Un jour, j’ai rencontré Alexandre Ounadjela  des Éditions 93. Le feeling est bien passé, il venait de monter sa boite et travaillait comme un dingue pour réaliser son rêve. Alors je lui ai présenté mon premier roman : Isa, Too Drunk To Fuck qui est sorti trois mois après en version classique, papier.
Entre temps sont arrivées les liseuses numériques. J’ai compris tout de suite qu’une nouvelle aventure se mettait en marche, comme le passage du vinyle au CD, une vraie révolution, alors j’ai voulu en être le plus rapidement possible.
J’y voyais tout un tas d’avantages. Tout d’abord la possibilité de rendre un livre quasiment immortel, disponible tout le temps. Il y avait également le poids dans le sac, la place dans la maison. Cela dit, j’aime beaucoup l’objet « livre papier », j’aime le tenir en main, mais pas au point, comme le raconte Beigbeder, de vouloir le « sniffer ». Il y a aussi l’évolution technologique irréversible que ma génération doit subir, mais que celle de mon fils a déjà assimilée. On peut dire ce qu’on veut, mais ce que l’on a vécu avec la musique, on le vit maintenant avec le numérique. Qui aurait imaginé il y a dix ans qu’on en viendrait carrément à tronçonner un album pour le vendre à coups de MP3 ?
Enfin, j’y voyais un moyen de démocratiser le livre, la possibilité de le mettre à disposition pour une somme beaucoup moins importante que dans le cadre de l’édition classique. Qui veut lire un epub à 18 € de nos jours ? C’est donc pour ça que j’ai contacté Numériklivres, parce que Jean-François Gayrard avait déjà engagé une vraie réflexion sur le sujet. Surtout, je ne voulais plus passer par les dinosaures de l’édition, j’avais décidé de snober Saint-Germain-des-Prés.

 

Il semblerait que le polar soit ton genre de prédilection… Y a-t-il une raison à cela ? As-tu des projets de polars à venir ? Des projets dans d’autres genres littéraires ?
 

En fait, je ne lis quasiment jamais de polars. Enfin, pas de polars traditionnels où l’on voit un policier ou un enquêteur cherchant à démasquer un vilain criminel. Je préfère les romans noirs, inclassables. Ceux qui collent à la réalité et qui s’inscrivent définitivement dans leur époque, comme pour laisser des témoignages. Le roman noir permet de dire pas mal de choses. Il permet de mettre le doigt là ou ça fait mal, même s’il faut forcer un peu le trait.
J’ai bien sûr d’autres projets. Pour l’instant, c’est en gestation. Peut-être une suite à « Un été de singe », j’ai bien aimé le côté « Pulp », le format court et percutant, et puis surtout j’ai adoré parler de Paris et mettre la ville en valeur sous cet angle complètement surréaliste.


Tes personnages sont la plupart du temps, si ce n’est toujours, des écorchés vifs. As-tu une explication à cela ?


Oui, c’est évident. Mes personnages sont sans doute une partie de ce que je suis, il y a en chacun d’eux une part de moi. Surtout, ce genre de personnages donne beaucoup plus de travail et de matière. Il y a de la rugosité, des odeurs. Les personnages trop lisses ne m’intéressent pas. Enfin, c’est une manière pour moi, sans doute, de marcher dans les pas de ceux qui m’inspirent : Fante, Bukowski, Carver, Kerouac ou Djian.

© 2012 by SAMANTA JONES

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